Dialogues d’Omerit
-
Omerit que pensez – vous de notre temps
-
Qu’il ne sera plus.
-
Et de vos pensées, qu’en pensez – vous ?
-
Qu’elles étaient contradictoires.
-
Pourquoi l’étaient – elles ?
-
Pour démontrer que tout dire et son contraire
était disible.
-
Etait – ce la seule raison ?
-
Oui
-
Au-delà de ce que furent vos pensées
contradictoires – Qu’est – ce qui ne l’est pas ?
-
Mon, à nouveau, beau corps de mammifère
parfait ; J’ai eu une période de mal vie, j’étais trop gros – bouffi –
j’ai vu et entendu la cruauté de ceux qui le sont par nature et ne se prennent
pas pour des merdes qu’ils sont. Et qu’ils soient certains maintenant que leur
ironie n’a plus de prise sur moi, que je les emmerde avec toute la puissance de
mon redoutable trou du cul. Ils ont une fâcheuse tendance à oublier qu’ils sont
aussi des trous du cul, mais d’eux ne sort
que des crottes d’âne.
-
Soit et passons. Ne soyons pas comme eux,
dispensons – nous de cette prose scatologique, c’est du babillage de
nourrissons.
-
Oui, laissons aux bruits leurs bruits.
-
Pensez – vous que nous ne sommes que des corps
et rien d’autre ?
-
Rien d’autre ce n’est encore quelque chose dont
les corps ne sont pas conscients. Les corps – esprits évoluent, se
transforment, mais le rien d’autre ne subit aucune modification, aucune altération.
C’est hors du temps, hors de toute prise. C’est le grand vide – le chaînon
inconscient.
-
Que serait le rien d’autre dont les corps n’a
pas conscience. Qu’est – ce que le Grand vide et à quoi sert – il ?
-
Si par chance, il se manifeste de vous, de votre
vivant, vous saurez ce qu’est le véritable sens du mot éternité ?
-
Que nommez – vous éternité ?
-
L’Innomé
-
Qu’est – ce que l’innomé ?
-
Ce qui transcende le corps et la pensée.
-
Dieu ?
-
Les voix du Seigneur ne sont que des voix
d’outre tombe. Dieu invention de l’esprit, n’est que l’esprit se voulant Dieu.
Dire Dieu existe, c’est faire exister l’esprit qui le dit. L’Esprit ce sont,
hors des corps agissants, se métamorphosant au cours du temps, que des mots
passant. C’est que l’Esprit est aussi changeant ! On change de ce qui
s’advient de notre inconscience à notre conscience – et nous transforme. Se
revivre – involuer jusqu’au début de sa propre vie, sans devenir autiste, ouvre
les portes à l’Eveil de la conscience – c’est sans mot.
-
Signifiez vous que le Verbe qui ne se dépasse
pas du Verbe ne saurait attendre la transcendance ? Existe – t –
elle ?
-
Oui, contrairement à ceux dont l’expérience
n’est que de se savoir des corps – fait de sensations, d’émotions,
d’impressions, l’Autre réalité existe
pour la conscience. L’Autre Réalité pour la conscience, n’est saisissable à la
conscience que si la conscience se dé hantise de tout ce qui la fait être ce
qu’elle n’est pas : qu’un corps pensant, un corps périssable. La mort en
vérité n’existe pas.
-
Les cimetières prouvent le contraire.
-
Il n’y a personne dans les cimetières. Excepté
les vivants qui s’y recueillent – non pas devant des morts – mais du
surgissement de la mémoire qu’ils ont de ceux qui ont été vivants.
-
S’ils ont été vivants, de ne plus l’être, c’est
que la mort est une réalité. L’absence du monde, d’êtres ayant été est un fait,
et non une vision de l’esprit.
-
Vous connaissez l’expression, exprimant ce qu’on
éprouve, quand un être cher nous a quitté. On dit : « Il a laissé un
grand vide «. Si vous aviez une connaissance de ce qu’est le grand vide, vous
sauriez que la mort n’existe pas.
-
Mais la souffrance existe.
-
Ce n’est que la méconnaissance de ce qui se
cherche à dire de soi – hors des images mentales,des mots, des sensations – des
actes conscients ou inconscients. Quelque chose cherche à se dire, donc à être.
Mourir de soi c’est naître à ce qui s’ignorait de soi. On ne mue pas sans
souffrance, sans vertige, sans d’abyssales questions. Je suis toujours étonné
qu’on dise de moi : « il est… », « c’est… », je ne m’y
reconnais pas. Ils parlent d’un hier qu’aujourd’hui, je rechercherais en vain.
Me défendre de ce que je ne suis pas serait aussi stupide que de chercher à
savoir qui j’ai été. Qui parle de moi parle d’un autre que je ne suis pas. Le
passé n’appartient qu’aux esprits tombeaux.
-
Parlons avenir. Certains pensent que le XXIeme
siècle sera le dernier des siècles pour l’humanité. Y croyez – vous ?
-
J’y crois pour ceux qui sont nés en l’an 2000,
et ne seront pas centenaires. Quant aux autres, ils connaîtront le XXII eme
siècle. L’intelligence, et la providence, trouveront toujours des solutions
pour se sortir des crises, des impasses, des marasmes, et de tout ce fatras des
religions qui, on le sait, ne servent à rien. Dieu et le néant, ce ne sont que
des histoires de vivants. Les morts ont cessé d’y croire.
-
Croyez – vous à l’éternel recommencement.
-
Non. Le sens de la vie c’est de muer – et non de
recommencer. Nous ne sommes plus des mollusques. Et ceux qui, dans un très
lointain et inimaginable futur ne seront plus ce que nous sommes. Ils ne seront
plus nous. Ce qu’ils penseront de nous, c’est ce que nous pourrions penser des
mollusques : rien parce qu’il n’y a rien à en penser. Avoir été c’est tout
ce qu’il y avait de magique pour soi. C’st pas ordinaire d’être, c’est magique.
-
Magique de vivre dans un monde terrifiant
d’absurdité, de pseudo – humains inhumains qui nous volent notre bonheur d’être
heureux, épanouis, paisibles de vie ?
-
Notre temps n’est qu’une étape pas la finalité
de l’Etre. Demain les esprits agissant des pseudo humains n’existeront plus –
les fabricants d’un monde terrifiant d’absurdité - d’égoïsme - de luttes
féroces - de folie - ne non sens - de poussent à la violence ou au suicide –
leur monde de la rentabilité de l’image de soi – du mérite des titres – des
prix – des médailles – des m’as-tu vu entendu – n’existera plus. Le monde de
ceux qui n’ont eu à être que pour mépriser les êtres qu’ils ont réduits à
n’être que des corps outils pour leurs seuls profits. Leur monde mourra avec
eux.
Les nouvelles générations à
naître n’en seront pas la résurrection mais la mutation.
-
Une dernière question Omérit, écrivez – vous
toujours ?
-
Oui
-
Vous aimeriez être publié ?
-
Oui quand ceux qui s’incarnent barrages
n’existeront plus. D’incroyables salauds pour qui penser et être doit être au
diapason de ce qu’ils pensent et sont.
-
Vous allez attendre qu’ils soient poussière pour
espérer être publié ?
-
Oui
-
Vous avez de la patience…
-
J’ai toujours été patient.
-
Il se pourrait que vous mourriez avant eux…
-
C’est possible. Dans ce cas peu m’importe de ne
jamais être publié. Et à vrai dire plus le temps passe et plus je me dis qu’écrire,
c’est d’abord pour soi – ce n’est sans doute que pour soi. On mourra seul – et
c’est ce qu’il y a de plus intéressant à
savoir de son vivant : Qu’est – ce que mourir…C’est une expérience
très personnelle qui ne regarde que soi.
-
La vraie méditation est incommunicable.
(Omérit le 21 septembre 2009)
Les commentaires récents